Cinq conseils pour ne pas rester…en carafe !

1 • Avant de carafer un vin, je le goûte !

On ne carafe jamais systématiquement un vin. A l’ouverture, de préférence un peu à l’avance, je verse du vin dans mon verre, je le sens et je le goûte. A partir de là, trois possibilités s’ouvrent à moi :

  • Ça sent super bon et je le bois avec plaisir, je ne carafe donc pas
  • Ça sent super bon mais les tanins me sèchent la bouche, je le trouve trop râpeux/structuré/rustique, alors je peux carafer
  • Ça ne sent rien dans mon verre (le vin est fermé) ou alors ça sent l’écurie, le gibier, le faisandé (on parle en langage savant des arômes de réduction souvent présents dans les vins jeunes), là aussi la carafe va faire du bien à mon vin et révéler les arômes les plus charmeurs

2 • Je peux carafer tous les vins jeunes

La carafe est un révélateur d’arômes, un accélérateur d’oxygénation. Je m’explique : durant sa vie en bouteille, le vin a peur de l’oxydation. Gardien d’un vieillissement prématuré, le bouchon empêche le vin de s’abimer au contact de l’air. Mais après quelques mois ou années en bouteille, notre charmant breuvage peut se sentir étriqué, comme éteint ou en sommeil. Pour utiliser une image plus imagée, la carafe aura le même rôle qu’une fenêtre que l’on ouvre dans un pièce restée fermée trop longtemps. Si ça sent le renfermé, on aère !
La carafe va avoir le double effet d’ouvrir le nez du vin mais aussi d’assouplir les tanins fougueux des jeunes rouges qui font trop d’épate et d’améliorer la texture et le volume des jolis blancs.

Photo carafe

3 • La carafe doit avoir une base évasée

Puisque le rôle de la carafe est d’ouvrir mon vin, autant choisir un modèle ayant une base bien large, une surface d’aération maximum, pour arriver à un résultat satisfaisant plus rapidement. Je peux même aider un peu mon vin en le faisant tourner dans la carafe par un mouvement circulaire. Il en existe de toutes formes à tous les prix, ce n’est qu’une question de goût et de portefeuille.

4 • Je ne carafe jamais un vin ancien

Aérer trop vite un vin ancien peut précipiter sa perte. Après plusieurs dizaines d’années, quelquefois moins selon l’appellation et le vigneron, le vin a atteint une plénitude, a développé de nouveaux arômes, mais il faut le traiter avec égard, ne pas le brusquer, au risque d’accélérer sa chute. Nous conseillons souvent de retirer le bouchon deux ou trois heures avant de le boire. Cette aération lente va réveiller notre vin avec douceur et l’emmener gentiment au nirvana de la dégustation. Sachez que pour certains vins très anciens, le seul fait de le verser dans un verre peut le faire mourir en quelques minutes.

5 • Carafer n’est pas décanter

On carafe un vin jeune, on décante un vin vieux. La décantation n’a pas du tout le même but. On utilise pour cela une carafe allongée ou carafe « à col de canard », le but étant de verser délicatement le vin à l’intérieur et de stopper le décantage au moment ou apparaissent les premiers dépôts dans le goulot de la bouteille. C’est à cette occasion que l’on peut s’aider d’une bougie (pour faire chic) ou d’une source de lumière pour révéler les impuretés à travers le verre.
Notez qu’il est conseillé, avant de carafer ou décanter un vin, de mettre la bouteille debout plusieurs heures avant la dégustation afin que les dépôts tombent au fond de la bouteille. Le vin sera moins trouble et vous n’aurez alors pas à boire et à manger en même temps dans votre verre…

Pour terminer ce petit mémo, n’oubliez pas que la carafe va amener votre vin au top à un instant précis, mais que vos convives, qui n’auront pas ouvert la bouteille avec vous, n’auront pas la lecture de l’évolution du vin. Et que parfois ce cheminement, tous ces changements de senteurs et de texture perçus au fil du temps, font partie de l’histoire de votre bouteille. Ceci explique pourquoi la carafe compte autant de détracteurs que d’aficionados !

Blaise