Viticulture bio, biodynamique et vins natures

Les Canons vous proposent de faire le tour des particularités et différences essentielles entre trois philosophies de production que sont la viticulture biologique, la viticulture biodynamique et les vins dits « naturels ». Sous forme de trois mémos, vous devriez toucher du doigt l’engagement pris par certains vignerons de produire plus sainement de beaux raisins et des vins plus proches de leur terroir. Car nous pouvons aujourd’hui affirmer qu’une viticulture vertueuse transmet une énergie, une poésie et une élégance aux vins supérieure à une agriculture conventionnelle. Ce n’est pas un hasard si quelques-uns des plus grands domaines français tels que la Romanée Conti, Château Latour à Pomerol ou les champagnes Louis Roederer travaillent leur vignoble en biodynamie.
Il faut toutefois rester mesuré. Une viticulture labellisée ne garantie jamais la qualité d’une bouteille. C’est le talent du vigneron ou de la vigneronne qui fera que le vin sera médiocre, sympathique ou grandiose !
N’hésitez pas à échanger, goûter et lire sur ces sujets qui agitent le monde du vin dès que vous en aurez l’occasion. Les débats n’en seront que plus animés, pour le plus grand plaisir des passionnés que nous sommes !
MÉMO – LA VITICULTURE BIOLOGIQUE
La production de produits bio est l’un des sujets les plus en vogue de notre époque contemporaine. En tant que consommateurs, nous attachons une grande importance aux modes de production qui doivent répondre aux enjeux environnementaux et écologiques du moment. Le vin et l’agriculture ne font pas exception à ce raz de marée qui teinte nos assiettes et nos verres d’une alimentation plus saine et vertueuse pour la planète.
On doit les prémices de l’agriculture biologique aux autrichiens, allemands suisses et anglais qui la développent à partir des années 20. Depuis 1991 une réglementation harmonise les pratiques des différents Etats membres de l’Union européenne concernant l’agriculture biologique labélisée AB.
En France, environ 15% du vignoble est certifié ou en conversion bio.
Nous pouvons résumer le cahier des charges de la viticulture bio autour de 6 thématiques : favoriser la vie des sols en bannissant tout recours aux engrais chimiques, aux pesticides et au désherbants de synthèse, préserver la faune et la flore aquatique, préserver la biodiversité, protéger le climat, contribuer au dynamisme économique et promouvoir une alimentation de qualité.

La viticulture biologique nécessite une réflexion sur l’ensemble de son système de production. Les principaux enjeux techniques sont :
- La gestion du sol et de la fertilité. Le recours à l’enherbement se généralise. Il favorise l’activité microbienne du sol et peut lutter efficacement contre l’érosion, véritable fléau très courant sur les parcelles de vignes en pente.
- La suppression des herbicides et pour la protection phytosanitaire, l’exclusion totale des produits de synthèses (fongicides, insecticides et engrais) et leur remplacement par des produits naturels ou minéraux autorisés par le cahier des charges de l’AB.
- La mise en place de mesures prophylactiques afin d’éviter les traitements systématiques. Une belle conduite de vigne permet d’avoir des plantes en bonne santé, moins sensibles aux maladies.
- En cave, un cahier des charges restreint l’usage de certains produits.
Une période de conversion de 3 ans est nécessaire avant l’obtention d’une certification. A l’issue de cette période probatoire et après contrôle d’un organisme certificateur agréé (il en existe 9 en France), le domaine peut revendiquer le label AB sur ses étiquettes.
MÉMO – LA VITICULTURE EN BIODYNAMIE
La Biodynamie, tout comme l’agriculture biologique, bannit tout produit chimique de synthèse dans le cycle de production, mais elle va beaucoup plus loin à la fois dans la compréhension globale du monde vivant et dans ses pratiques culturales. Le domaine viticole est perçu comme un organisme vivant complet ou chaque élément (humain, végétal, sol, lune, animaux…) joue un rôle dans cet équilibre.
On doit son développement à un penseur et intellectuel autrichien, Rudolph Steiner, qui pose les jalons de la biodynamie au début du XXème siècle. Steiner élabore et propose une méthode moderne et scientifique tenant compte des rythmes terrestres et cosmiques permettant d’obtenir une nourriture de qualité dans un paysage vivant et diversifié.

La culture biodynamique est avant tout un travail de soin de la terre, une philosophie de production et de vie à part entière. Il s’agit d’en assurer l’équilibre et de créer des conditions de vie harmonieuses entre terre, plante et environnement. Ceci par des soins qui favorisent l’amélioration de la qualité de la terre par la présence d’une grande variété de bactéries, un meilleur enracinement de la plante et un meilleur développement des feuilles et des fleurs par l’apport d’énergie nécessaire à une fructification harmonieuse.
Ce travail doit permettre à la vigne de se défendre naturellement, par elle-même, contre les maladies.
Citons les principaux travaux à la vigne et en cave en biodynamie :
- La dynamisation des préparations : les préparations à base de bouse de corne, silice de corne, compost de bouse, d’achillée, de camomille, d’ortie, d’écorce de chêne, de pissenlit, de valériane…sont diluées dans une grande quantité d’eau pure, dans un grand bac en cuivre appelé dynamiseur, qui va mélanger à grande vitesse dans un sens puis dans l’autre la préparation, créant un vortex. L’eau va ainsi emmagasiner les informations contenues dans les plantes et les minéraux dilués. Cette dynamisation, déjà prescrite par Steiner aux agriculteurs, va en concentrer les effets. Le vigneron va ensuite pulvériser la préparation sur les vignes.
- Le travail des sols
- La prise en compte des rythmes terrestres et lunaires
- En cave, la liste des produits, tous naturels, pouvant être utilisés est plus restrictive qu’en agriculture bio, les doses de sulfites acceptées sont moindres par exemple.
Il existe deux labels qui authentifient et certifient la viticulture biodynamique, Demeter et Biodyvin.

MÉMO – LES VINS NATURELS
Véritable phénomène planétaire de la vitisphère, les vins dits « naturels » ou « natures » tentent des vinifications et des mises en bouteille sans user de SO2.
Première précision d’importance, tous les vins en contiennent naturellement en petite quantité car les levures, pendant la fermentation, en produisent 10 à 30mg/litre. Plutôt que de parler de vins « sans sulfites », la bonne terminologie serait de dire « sans sulfites ajoutés » et de préciser « durant les vinifications ». Car tous les vignerons bios, biodynamistes ou natures utilisent le soufre à la vigne (il y est presque indispensable) mais tentent de réduire au maximum son utilisation en cave.

Ce qu’il faut retenir des vins naturels
- Un vin nature doit être issu d’une viticulture exemplaire, bio ou biodynamique (mais ce n’est pas une obligation) et d’un travail d’orfèvre en cave, précis, propre et suivi .
- Vous croiserez sur votre route quelques vins natures enthousiasmants, d’une rare gourmandise et d’une complexité folle.
- Les vins natures sont plus fragiles, ils nécessitent beaucoup d’attention lors de la garde, craignent les écarts de température et la chaleur
- De nombreux vignerons ou professionnels peu scrupuleux feront passer les défauts de certains vins comme des qualités essentielles des vins « vivants »
- En achetant un vin nature, vous acceptez le risque qu’il ne soit pas conforme à vos attentes
- Vous pouvez trouver sur certaines étiquettes les logos de plusieurs associations de vignerons natures telles que l’Association des Vins Naturels (AVN) ou le collectif SEVE mais ce ne sont pas des certifications officielles telles que celles connues pour l’agriculture biologique ou biodynamique.